dimanche 17 octobre 2010

LE CANAL SAINT-MARTIN VU PAR PRESLAVA



Au fil du canal Saint-Martin

Je balaye avec mon appareil photo tout le quai de Jemmapes au bord du canal Saint-Martin jusqu’à la rue du Faubourg du Temple où il plonge sous le boulevard Jules Ferry. J’arrive sur le canal par le boulevard de la Villette. La première chose que j’aperçois en me dirigeant vers le quai ce sont les œuvres de deux artistes de street art, Spaces Invaders et Oré, qui avaient marqué les lieux. Leurs créations est là comme pour prévenir le promeneur non averti qu’il entre dans un espace où l’expression artistique tient une place primordiale. Ils ouvrent la porte vers les quais et vers de nouvelles découvertes et m’accompagnent, avec les œuvres d’autres artistes, tout au long de mes errances au bord du canal.

En arrivant au bord de l’eau je découvre le vide et le calme. Il y a très peu de passants jusqu’au pont de la rue Louis Blanc, juste quelques touristes perdus et les agents qui assurent la sécurité. Je continue ma ballade toujours tout droit et je prends en photo les lieux, c’était ma manière de faire connaissance avec le canal et ses habitués. Je reste pendant des heures à observer à travers l’objectif et je ne vois pas le temps passer. Le premier jour je fais du repérage et les jours suivants je cherche des personnages, des situations, des reflets dans l’eau, je me concentre sur les détails et sur la vie au bord de l’eau. Je m’aperçois de la diversité des personnes qui fréquentent ces lieux. Le canal Saint-Martin apporte à chacun quelque chose, chacun vient pour trouver ou bien pour abandonner une « atmosphère ». En commençant par les personnes sans logement qui trouvent abri dans les squares du canal, les couples d’amoureux qui recherchent l’ambiance magique et romantique que l’eau et les passerelles apportent, les amis qui se retrouvent pendant leur pause déjeuner ou pour les pique-niques nocturnes et surtout les solitaires qui viennent avec une bière à la main ou bien un livre, ils sont tous là pour chercher l’inspiration, la romance, le calme car une atmosphère paisible se dégage de l’eau et incite à la détente et à l’apaisement.

Je rencontre trois amis qui viennent pêcher de la perche dans le canal pendant leur pause déjeuner. Ils attrapent quelques poissons, moi je prends quelques clichés mémorables et aussitôt ils rejettent le poisson dans l’eau. C’est absolument surréaliste de voir un d’eux manier si habillement la canne à pêche malgré son allure d’aristocrate anglais et son costume et cravate. Je rencontre également Éric, le colleur d’affiches. Il est connu dans le monde entier par les artistes de street art qui lui envoient leurs œuvres pour les coller dans les rues parisiennes. Je vois aussi les Afghans qu’on avait délogés du canal quelques jours avant mon arrivée, j’en aperçois deux en train de sécher leurs vêtements à l’écluse dans le square Eugène Varlin. Je n’ose pas les approcher de peur de les déranger, je vole juste une image de leurs instants d’attente à côté du linge séchant.

Le canal Saint-Martin offre des images sublimes des reflets dans l’eau. De jour comme de nuit, je m’amuse comme un enfant à prendre les reflets des façades des bâtiments, des arbres, des gens qui longent le canal et à jouer avec les lumières qui se reflètent dans l’eau. Le canal est encore plus magique pendant la nuit avec cette lumière tamisée offrant une ambiance idéale pour les fêtes et pique-niques nocturnes pour lesquels il est bien connu.

L’appareil photo m’a permis de découvrir le canal comme je n’aurais jamais pu le faire autrement. Comme Georges Perec, muni d’un stylo et du papier s’est posé un jour dans un café sur la place Saint-Sulpice avec l’idée de faire une Tentative d’épuisement d’un lieu parisien en prenant en note tout ce qu’il voyait, moi de même, mais avec l’appareil photo en main, j’ai fait une tentative d’épuisement du Canal Saint-Martin. J’espère que j’ai réussi au moins en partie... J’ai apprivoisé les lieux ou ce sont plutôt les lieux qui m’ont apprivoisée, en tout cas aujourd’hui je me sens comme chez moi au bord de l’eau du canal Saint-Martin et je sais que là-bas je pourrais toujours trouver l’atmosphère dont j’ai besoin.
Preslava Mihaylova

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